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Comment trouver l’inspiration ?

Inspiration : de quoi parle – t -on ?

Vous êtes peut-être passé par la phase « le sens du mot inspiration est assez insaisissable! ».  Insaisissable, serait déjà une belle manière de caractériser l’inspiration elle-même… Je propose dans cet article de nous pencher sur une des acceptions du Larousse :

  • Enthousiasme, souffle créateur qui anime l’écrivain, l’artiste, le chercheur : Chercher l’inspiration.
  • Ce qui est ainsi inspiré : De géniales inspirations.

Mais on peut rester des heures sans rien réussir à créer ou très laborieusement. Alors que d’autres jours, on est à peine à la table de travail que c’est un flux rapide et facile qui afflue et nourrit la plume, le pinceau, la boîte à idées. Comment donc trouver l’inspiration ?

C’est dans le livre Comme par magie, d’Elizabeth Gilbert (Editions Calmann-Levy, 2015 ) que j’ai découvert une très belle approche de l’inspiration et comment travailler avec. 

A propos d’Elizabeth Gilbert –

Le nom vous est peut-être inconnu, mais le titre « Mange, Prie, Aime » résonne sans doute. C’est le titre d’un livre qui a un connu un grand succès. Il a atteint le grand public avec l’adaptation au cinéma en 2010 du même nom, incarnée par Julia Roberts. C’est une ode à la vie au travers d’un voyage autobiographique d’Elizabeth Gilbert. Vous trouverez des références à  l’auteure en fin d’article.

Dans le livre « Comme par magie », Elizabeth Gilbert partage son approche de la créativité. Je ne peux que vous le recommander car on y trouve des pépites à tous les chapitres. Nous minerons ici dans le chapitre « Enchantement ».

Une idée –

Au travers d’une savoureuse anecdote au sujet d’une histoire sur laquelle elle a travaillé, Elizabeth Gilbert nous raconte qu’elle lui a échappé au profit d’une autre auteure quand elle l’a délaissée. L’auteur nous avoue : « Je vis dans cet épisode la preuve singulière et éclatante (…) que les idées cherchent vraiment le collaborateur humain le plus disponible, qu’elles essaient systématiquement de trouver le chemin le plus rapide et le plus efficace pour gagner la terre (tout comme le fait la foudre) ». Elle fait même le parallèle amusant avec  le concept de « découverte multiple » en sciences (ou « invention simultanée » – lien en anglais). C’est lorsqu’une idée semble arriver dans la même période de temps à divers endroits, auprès de différents chercheurs : « c’est comme l’inspiration qui joue sur plusieurs tableaux en tripotant les boutons  pour essayer de capter deux stations simultanément ».

Cette approche rend plus serein pour se rappeler qu’une idée n’est pas réellement à nous. C’est vrai qu’elle nous habite, on la chérit, mais c’est parfois quelqu’un d’autre qui lui donnera vie. Tout comme celles qu’on met au monde, dans un livre, un film, un décor, ont peut être cheminé avec d’autres créateurs avant…

Trouver l’inspiration c’est aussi parfois laisser l’inspiration nous trouver.

Avoir un génie –

Peut-être avez -vous déjà vécu cette expérience ? Celle que beaucoup d’auteurs et d’artistes relatent, d’être dans ce flot où la création semble couler de source, où le temps n’a plus prise. Sans vraiment pouvoir vous l’expliquer, ni le reproduire de manière fiable. Le chapitre Enchantement du livre nous embarque  dans l’Antiquité, chez les Romains. Il nous suggère une explication, ou du moins une représentation de comment l’inspiration fonctionne.

En effet, les Romains (comme les Grecs) croyaient qu’une sorte d’esprit pouvait habiter chez vous, pour vous aider dans votre travail. « Les Romains avaient un terme spécifique pour cet utile elfe domestique. Ils l’appellaient « génie » – c’était votre divinité gardienne, le canal de votre inspiration. (…) un individu exceptionnellement doué n’était pas un génie, il avait un génie « , conclue Elizabeth Gilbert.

Voilà une proposition très libératrice, « le concept de génie extérieur ». Ainsi, malgré tout le travail acharné qu’on a pu produire, si le résultat est un échec, ce n’est pas entièrement de notre fait. On a fait notre part, et de notre mieux. Alors que si on réussit, on ne peut pas s’attribuer tout le mérite. Et on se retrouve pas avec une grosse tête qui sera sans doute suivie de déconvenues.

Comment travailler avec son génie ? –

J’ai pu constater à quel point, tout génie qu’il soit, celui (ou celle, ou ceux !) qui me sert de partenaire, ne partage pas le même emploi du temps que moi. Quelle que soit ma routine, il a les siennes, et le flot peut se faire attendre longtemps, et parfois ne jamais arriver.

Alors quoi faire ? L’attendre ? L’attitude que propose Elizabeth Gilbert me semble partagée par beaucoup d’auteurs :  » J’en suis plutôt venue à penser que mon génie passe beaucoup de temps à m’attendre moi – il attend de voir si je suis sérieusement impliquée dans mon travail. Il m’arrive de me dire que mon génie m’observe (…) Une fois que mon génie est convaincu que je ne suis pas là à bailler aux corneilles, il se peut qu’il apparaisse et m’offre son assistance ». En clair : n’utilisez pas le prétexte d’attendre l’inspiration  pour vous mettre au boulot.

Concrètement comment s’y prendre ? La clé est à mon avis la détermination. Observez votre attitude lorsque vous rencontrez une personne qui vous soumet un nouveau projet. Ou bien quand un de vos enfants veut absolument se lancer dans une nouvelle activité. Après un peu d’expérience, vous savez que rien ne vaut un peu de temps pour tester la détermination de votre interlocuteur. Quand quelques semaines plus tard l’envie est toujours là, et que tout seul il a déjà avancé, s’est cogné a des murs, mais continue à travailler… Vous l’aiderez si vous le pouvez, dans une mesure variable selon votre affinité avec son projet.

En pratique, qu’est-ce que ça veut dire pour un créateur ?

  1.  Présentez-vous au RDV .  Les anglophones ont un terme pour cela, « show-up » ? Vous voulez le boulot, montrez-vous ! Mettez vous à la table de travail, avec vos outils, votre tenue.
  2.  Travaillez. Ecrivez, sculptez, peignez, recherchez, notez, construisez. L’objectif est d’activer les machines, d’exciter les neurones, de stimuler les muscles. Comme un échauffement, avec la détermination de créer. Aucune inspiration pour écrire ? C’est ce qui est normal. Le contraire est exceptionnel. Ecrivez-quand même. Les ressources dont vous n’avez pas conscience ne peuvent se libérer qu’une fois que vous êtes lancés. Par analogie, il faut environ 30 minutes pour que les endorphines se libèrent quand on fait du sport. Même si le temps est ici certainement plus mouvant.
  3.   Reprenez RDV. Demain, dans trois jours, une semaine, peu importe, votre relation à votre création compte. Donnez-lui l’assurance que vous allez vous revoir.

Je crois au final que trouver l’inspiration n’est pas un dû, mais un effet secondaire de notre détermination.

Pour anecdote, la nouvelle « Le monde est petit » est née exactement comme ça. Rien dans mes post-it de ma boîte à idées ne m’interpellait. La contrainte d’une date butoir m’a obligée à écrire régulièrement à mon bureau et après quelques paragraphes (qui ont disparu de l’histoire !) une nouvelle histoire m’est venue.

Références Elizabeth Gilbert-

Une conférence TED (sous-titrages français disponibles) pour faire connaissance avec cette auteur Américaine, et la voir expliquer si on peut et comment trouver l’inspiration :

Conférence Elizabeth Gilbert

Pour les anglophones, les podcasts de leçons tirées du livre:

Comme par magie : Magic Lessons

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Vous n’êtes ni l’esclave de l’inspiration, ni son maître, mais quelque chose de beaucoup plus intéressant – son partenaire.

– Elizabeth Gilbert, Comme par magie